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James Given: Le Canada est un joueur clé dans la lutte mondiale contre l’exploitation des travailleurs maritimes

Cet article a été publié dans le journal Hill Times le 4 février 2019

 

Pendant que beaucoup d’entre nous sommes retournés à un emploi stable après le temps des fêtes, 80 marins australiens sont retournés au travail pour constater que leur contrat avait été résilié pendant leur absence.

 

Comment? Pourquoi? Malheureusement, le gouvernement australien n’a pas réussi à protéger ses travailleurs maritimes qui consacrent leur vie à ce travail exigeant.

 

Malgré les appels des syndicats, des travailleurs qu’ils représentent et des acteurs politiques, le gouvernement n’a pas enforcé les lois sur le cabotage, qui protègent les emplois des travailleurs maritimes.

 

La loi sur le cabotage garantit que le transport domestique (la circulation de biens ou de personnes entre deux points au sein du même pays) est réservé aux navires immatriculés sous le pavillon de ce pays dont les conditions d’emploi sont régies par le droit du travail national.

 

Le Canada est maintenant reconnu mondialement pour ses lois progressives en matière de cabotage. La Loi sur le cabotage exige qu’aucun navire étranger ne puisse effectuer du cabotage sans permis. Le cabotage stipule que les navires opérant dans les eaux canadiennes doivent employer des travailleurs canadiens ou résidents permanents et ne peuvent faire appel à des travailleurs étrangers que lorsque des Canadiens ne sont pas disponibles.

 

La réglementation en matière de cabotage aide également à promouvoir les investissements continus dans la flotte de navires canadiens et les marins canadiens afin d’assurer le transport rapide et sûr des cargaisons canadiennes. La loi protège notre économie et notre environnement en nous assurant que seulement les marins les mieux formés et les plus qualifiés peuvent naviguer sur les voies maritimes du Canada.

 

En l’absence de lois sévères sur le cabotage, l’Australie a autorisé les compagnies de navigation à avoir des navires et des équipages étrangers opérant régulièrement dans leur pays, dont plusieurs sont reconnus pour exploiter une main-d’œuvre étrangère à bas salaire. Le résultat : des milliers de marins australiens perdent leur emploi.

 

En décembre dernier, le SIU a accueilli une délégation de représentants australiens. Ils sont venus au Canada dans le cadre d’une mission d’enquête pour découvrir comment nous avons pu préserver et renforcer cette politique importante.

 

En tant que président du SIU du Canada, j’ai expliqué à nos amis australiens que la vigueur des lois canadiennes sur le cabotage exigeait des années d’effort et de persévérance. En fait, ce n’est qu’à la fin de 2018 que l’on a mis en place un système fonctionnel consistant à ne délivrer que des permis de travail temporaire pour les travailleurs étrangers, et ce, seulement en dernier recours.

 

Le SIU continue également de se battre pour renforcer la loi sur le cabotage au Canada. Dans plusieurs cas, nous avons identifié des navires battant pavillon étranger sur lesquels des membres d’équipage étrangers ne recevant qu’une fraction de ce qui leur est dû, selon le règlement du PTET – et le gouvernement n’en avait aucune idée.

 

Sans une surveillance adéquate de la part du gouvernement, les emplois maritimes du Canada seront compromis, car les opérateurs tentent de réduire les coûts en exploitant des travailleurs étrangers. Le SIU s’efforce de veiller à ce que ceci ne se produise pas, mais il est essentiel de travailler étroitement avec les agences gouvernementales. Nous collaborons présentement avec Transports Canada et Emploi et Développement social Canada pour s’assurer qu’ils sont au courant de la situation et qu’ils agissent de manière appropriée.

 

Pour reprendre une phrase du gouvernement lui-même : nous devons faire mieux. La mise en place et le maintien d’un mécanisme de surveillance et d’application efficace sont essentiels pour garantir le respect intégral des exigences du PTET et de la Loi sur le cabotage. Cela garantira que les emplois Canadiens seront protégés et que toute la main-d’œuvre étrangère travaillant au Canada recevra les salaires et les protections de l’industrie en vigueur en vertu des normes du travail canadiennes.

 

Alors que le gouvernement explore de nouveaux corridors commerciaux, le cabotage reste sur la table des négociations. C’était le cas lorsque le gouvernement a négocié l’AECG. Pour s’assurer que nos travailleurs restent protégés, le SIU s’est battu pour que les concessions relatives au cabotage soient limitées à des activités très spécifiques – et nous avons réussi. Bien que le cabotage ne soit plus à l’ordre du jour des renégociations de l’ALENA, il reste menacé par les négociations commerciales que le Canada mène avec les pays de l’Asie-Pacifique et d’autres pays.

 

Le cabotage ne devrait jamais être sur la table des négociations. Les travailleurs canadiens devraient toujours avoir la priorité.

 

Notre engagement à protéger le cabotage au Canada et dans le monde entier demeure inébranlable. Même si certains acteurs politiques sous-estiment ce régime, nous ne pouvons pas permettre aux gouvernements du Canada ou de l’Australie de compromettre le gagne-pain de nos marins en faveur d’une main-d’œuvre bon-marché. Nous continuons toujours à plaidoyer pour que les emplois des gens de mer canadiens soient sûrs et stables.

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